En 2015, Alexa et Aloïs décident de fonder Albor Pacific, leur objectif est clair, ils souhaitent sensibiliser et éduquer les individus, les organisations et les communautés face aux enjeux climatiques. Après 7 ans d’entrepreneuriat, Aloïs a pris le temps de nous partager ses leçons tirées, ses obstacles et ses futurs projets et ambitions! 

Enjeux climatiques Albor Pacific

Comment vous définissez-vous ?

En tant qu’entreprise : Albor est désormais une société de consultants environnement et climat. Au départ, Albor a été contracteur en construction de serres hydroponiques et de jardins pédagogiques notamment.

Personnellement : ça dépend auprès de qui. Aux inconnus par le passé, je me présentais comme « lawyer » ce qui avait pour effet de faire briller les yeux du banquier. Depuis plusieurs années, je me présente comme entrepreneur, parfois comme environnementaliste. Il m’arrive de préférer décrire ce que nous faisons ou les projets sur lesquels nous travaillons et avec qui.

Par entrepreneur, j’entends celui qui donne vie à une idée, qui démarre un projet innovant, qui explore un marché. J’ai tendance à considérer que le manager, c’est autre chose.

Environnementaliste est un terme en difficulté, il suffit de le taper sur Google pour s’en convaincre : les réponses vont de militant pour la cause animale ou le climat, à professeur des Universités, en passant par Elon Musk pour avoir mis au point une voiture électrique … À mon sens, l’environnementaliste est un professionnel aux compétences multiples qui maitrise les principes des limites planétaires, la dynamique des systèmes, les ordres de grandeur et toutes autres compétences utiles pour travailler à leur intégration dans les programmes, les business modèles, les politiques, les programmes, les projets, dans les lois, ou les accords internationaux.

Comment avez-vous eu l’idée de créer votre entreprise ?

Avec Alexa mon associée et partenaire de l’époque, nous étions de nouveaux arrivants au Canada. Sans visa, nous savions que l’entrepreneuriat était une voix, difficile et périlleuse, mais possible et toujours ouverte aux immigrants prêts à y risquer leurs économies. Le but était de réussir du premier coup, pour rester au Canada, pouvoir subvenir à nos besoins, en proposant un service utile à la société, et de continuer à apprendre et progresser en tant que professionnels. Nous avions choisi d’abandonner des carrières confortables et prometteuses en Europe, mais pas assez stimulantes à notre goût. Versés dans les enjeux transversaux et sociétaux depuis l’université, le secteur de l’environnement était une évidence. Ici, à Vancouver la ville de Greenpeace et sa tag line « Greenest city 2020 », on ferait de l’écologie. Nous avons commencé par proposer de construire des jardins dans les écoles. Parce que les curriculums comportent des trous à combler pour former les futurs citoyens d’une société écologique de demain, et parce que ces mêmes curriculums font de place à l’innovation pédagogique. Un jardin pédagogique est un catalyseur d’apprentissages (maths, biologie, chimie, besoins de plantes, écosystème et vocabulaire) et un outil indispensable à toute école qui veut former les futurs citoyens. On nous a tout de suite dit oui. Et les financements ont suivi. C’était parti.

Quelle est votre plus grande fierté ?

En premier lieu, le sentiment d’avoir influencé est une grande satisfaction bien sûr.  Le sentiment d’avoir atteint l’indépendance et d’autonomie professionnelle est une grande fierté. Nous l’avons fait, depuis 6 ans déjà en choisissant exactement ce sur quoi on travaillerait et avec qui. C’est un luxe et une fierté. C’est aussi très, très difficile de tout démarrer de zéro. Surtout quand on n’est pas d’ici et qu’on n’a pas de réseau ! – Avec Albor nous avons construit par nous même les premières installations hydroponiques en milieu scolaire à Vancouver, Victoria, Comox. Il s’agit de microfermes qui produisent pour apprendre, mais aussi pour « vendre ». C’est une expérience unique que nous avons amenée dans les écoles. Mais la plus grande fierté provient des candidatures de qualité que nous recevons tous les mois. Ces jeunes qui adhèrent à notre vision et proposent de nous rejoindre, car pour eux, notre mission fait du sens, c’est toujours une immense satisfaction.

Quel a été l’un des tournants de votre carrière ?

La démission d’un excellent poste au sein de l’administration d’État en France, à l’âge de 28 ans. Très, trop confortable, rester c’était risquer de se faire absorber dans la fonction publique d’État et son réseau à Paris, et mes rêves avec. « If you want to be successful (?!), you have to be able, at any moment, to sacrifice what you are for what you will be become” Eric Thomas (un grand poète?)

Votre plus grande réalisation ?

La prochaine

Que faut-il pour réussir ?

Définir soit même le succès.

Avez-vous eu un mentor ?

Non, mais il y a des jours, ce serait bien d’en avoir un, ou une.

Concilier vie professionnelle et vie personnelle est-il un enjeu pour vous ?

Cette distinction m’apparait tout à fait superficielle, temporaire, et le résultat de circonstances du moment qui malheureusement ne vont pas durer. Mon doute sur ce concept est en partie liée à ce que je sais de la surabondance énergétique sur laquelle reposent nos économies et dont nous profitons en temps libres pour faire autre chose que travailler. Plus prosaïquement, l’artiste, l’agriculteur, l’intellectuel, l’entrepreneur ou le passionné n’a pas forcément ni le luxe, ni l’option, ni l’envie de tracer une frontière entre le professionnel et le personnel. Je crois que chacun d’entre eux pense en permanence à ses affaires. Donc je ne suis pas sûr que cette distinction soit pertinente, en revanche elle est légitime pour toute personne salariée ou employée.

Avez-vous rencontré des obstacles ?

Oui, de nombreux, je pense notamment à un contrôle de l’immigration que nous avons eu pendant les premières années et qui fut une grande source de stress pour les autodidactes entrepreneurs, auto-employeurs, immigrants que nous étions. Je pense aussi à des coupes budgétaires et des réorganisations inopinées chez certains de nos clients, nous ont mis en position très délicate plusieurs années de suite, et sans explication à ce jour. Nous avons eu des hauts et des bas comme toutes les entreprises, et la Covid-19 bien sûr… dont on est pas sorti d’ailleurs.

Quel a été votre plus grand défi ?

Le défi du moment est peut-être le plus grand. Réussir à embarquer les organisations et les entreprises francophones dans le défi climatique, réussir à leur faire comprendre ce que c’est… c’est déjà un premier défi de taille. Ensuite, les convaincre qu’elles ont un rôle moteur à jouer dans la décarbonatation de l’économie. A priori quand on n’y connait rien, on pourrait penser que le climat, c’est un job pour les pétroliers, les industriels, les transporteurs, les banques, la finance, les politiques et les jeunes générations. Ça ne marche pas comme ça et quand on commence à se former sur le sujet, on comprend très vite pourquoi. L’économie est un système vascularisé par de l’énergie et des matières, et malheureusement des gaz à effet de serre. Tout acteur économique ou communautaire peut à son niveau relever le défi national de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030, et convaincre à son tour ses partenaires d’en faire autant. Si la décarbonations fonctionnait comme un virus, on chercherait le taux de contamination maximal. S’occuper de ce problème maintenant sera plus aisé, et beaucoup moins injuste, que de s’en occuper sous la contrainte dans 5 ans, 10 ou 20 ans.

Quels sont vos projets pour l’avenir de votre entreprise ?

Développer une offre complète de formation professionnelle des entreprises et des organisations aux enjeux de l’environnement et du climat, et faire de ces clients des alliés, des leaders, des militants éclairés. Le changement climatique est une immense menace qui pèse sur la paix et la stabilité des sociétés. Il y a tout intérêt à former et engager sérieusement le plus grand nombre de leaders pour tenter de gérer cet enjeu aux ressorts moraux, psychologiques, sociétaux, politiques, économiques, sécuritaires, et vous pouvez compléter la liste. À vrai dire, et après une analyse de situation que je conduis depuis près de 20 ans, et nous sommes des millions à faire les mêmes constats basés sur les travaux des scientifiques du monde entier, je ne connais pas d’enjeu qui devrait être plus prioritaire que la question écologique et la question climatique. 

Que représente pour vous le leadership au féminin/au masculin ?

Nombreuses sont les femmes que je connais en affaires, elles prouvent tous les jours une forme d’intelligence et de sensibilité bien à elles dont  je crois, que nous en avons grand besoin. De mon expérience, les femmes travaillent souvent plus et plus dures que les hommes… En ce qui concerne la leader, c’est celle qui porte une vision à laquelle l’équipe adhère. Je ne suis pas sûr que ce qui compte le plus pour une vision soit le genre ou la sensibilité. La meilleure vision est celle qui voit le plus loin dans l’avenir.

Quelle est votre vision de l’excellence au féminin/au masculin ?

L’excellence en affaires ne m’intéresse plus beaucoup. Elle m’intéresse dans les arts et dans le domaine académique. En affaires, j’ai beaucoup plus d’intérêt pour le courage, l’efficacité, et l’originalité. Le courage est rare, l’efficacité est clé, et l’originalité « keeps it interesting»

Quels obstacles devez-vous surmonter au quotidien ?

Le doute. Entreprendre c’est apprendre tous les jours et donc faire face à un certain nombre de doutes et d’inconnues.

Quels enseignements tirez-vous de votre expérience ?

À découvrir dans mon livre à paraitre un jour ?

Quel a été le rôle de la SDE dans la création ou le développement de votre entreprise ?

Albor n’a pas reçu d’appui lors de sa création. Cependant, je me souviens de notre rencontre avec la SDE. Alors que nous entamions la négociation de notre premier grand contrat, qui donnera naissance au projet d’éducation EcoNova, une représentante de la SDE a proposé une collaboration. La SDE est devenue le partenaire financier du projet de 2016 à 2020.

Nous avons également collaboré dans le cadre des appels à projet Nouveaux Horizons qui sont destinés aux projets communautaires à caractère inter générationnel. Grâce à ces financements que seule la SDE pouvait obtenir, nous avons réalisé des jardins dans plusieurs des écoles du Conseil Scolaire Francophone, en partenariat avec des associations francophones d’ainés.

La SDE et le réseau RDEE ont permis de mettre en avant Albor lors de la cérémonie des Lauriers de la PME tenue en 2018 à Vancouver et pour laquelle nous avons donné une présentation devant les entrepreneurs francophones et la communauté économique. Je me souviens également de notre présentation devant la table des directeurs et directrices Développement Durable du réseau RDEE et de la visite guidée de la serre hydroponique de l’école secondaire Jules Verne à Vancouver (un projet unique dans la province) avant de donner une présentation complète du projet EcoNova. Les directeurs DD avaient montré un grand intérêt pour les différents services EcoNova qui devraient finir par déboucher sur des affaires.

Albor Pacific participe actuellement aux ateliers de la Clinique d’Accompagnement Entrepreneuriale. Un format crash-course de 30 minutes par mois pour donner des conseils pratiques et des rappels aux entrepreneurs. Je recommande !

Enfin Albor est actuellement le partenaire technique du Projet Action Climat qui vise à sensibiliser les francophones de l’Ouest du Canada (CB, Ab, Sk) en matière d’urgence climatique. Ces formations professionnelles incluent tout ce qu’il faut savoir pour s’engager individuellement et collectivement dans l’immense défi climatique qui se dressent devant au moins trois générations de Canadiens et de Canadiennes. L’urgence climatique doit être totale : le gouvernement fédéral a engagé le Canada envers la communauté internationale et envers les jeunes générations, à réduire ses émissions carbone de moitié en 2030, puis à atteindre la neutralité carbone en 2050. Comme martelé par les scientifiques spécialistes du climat, le respect de ces objectifs est absolument crucial pour éviter de dépasser la très dangereuse limite des +2°C de réchauffement climatique mondial. Pour s’assurer que cet objectif est tenu, indépendamment des aléas politiques ou économiques : chacun doit s’engager et engager son organisation dans la chasse aux émissions de gaz à effet de serre. Le projet Action Climat est un projet fiancé via FDEFO, le Fonds de Développement de l’Économie de l’Ouest, porté en CB par la SDE et que nous remercions pour ses qualités de visionnaire.

Recommanderiez-vous les services de la SDE et pourquoi ?

Bien entendu, et en particulier les échanges avec celles que je connais le mieux : Marie-Noël Holland, Frédérique Niel, et Mylene Letellier.

Enjeux climatiques Aloïs Gallet

Nom :
Aloïs GALLET

Nom de l’entreprise :
ALBOR PACIFIC

Site web: Albor Pacific

Courriel : alois.gallet@alborpacific.com

LinkedIn: Albor Pacific bc

Secteur d’activité :Environnement

Description de vos services :Formation professionnelle, Inventaires gaz à effet de serre (Bilan Carbone)

Année de création de l’entreprise : 2015