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Réduction des gaz à effet de serre en C.-B. : encore du chemin à faire

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Réchauffement des océans, désertification accrue, espèces menacées ou en voie d’extinction, il ne fait pas de doute que notre planète est en train de changer. 

Les causes de ces bouleversements sont nombreuses, même si plusieurs experts s’entendent pour dire que l’augmentation constante des émissions de gaz à effet de serre (GES) vient en tête de lice. À tel point que plusieurs gouvernements se sont engagés à réduire ces émissions.  

La Colombie-Britannique ne fait pas exception et, depuis 2007, la province s’est fixé des objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre. Ces objectifs sont ambitieux : réduction de 40 % des émissions (par rapport à ce qu’elles étaient en 2007) d’ici 2030, puis de 60 % d’ici 2040, et finalement de 80 % d’ici 2050. L’heure est donc aux bilans.

L’inventaire provincial : le bilan des émissions en C.-B.

Puisque les GES représentent un problème planétaire qui nécessite une solution concertée, plusieurs pays, dont le Canada, sont devenus signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (1) en 1992. Selon cette convention, chaque pays signataire est tenu de soumettre annuellement un Rapport d’inventaire national (RIN) des émissions, qui n’est ni plus, ni moins qu’un bilan des émissions qui ont eu lieu sur son territoire.

Certaines provinces produisent également des inventaires provinciaux pour tenir compte des émissions sur leur territoire respectif. C’est le cas notamment de la Colombie-Britannique qui publie un tel inventaire dans le but de mesurer les progrès réalisés en regard des objectifs énoncés dans la législation provinciale en matière de changement climatique (2).

La plus récente édition de l’inventaire provincial (3) pour les émissions de GES en Colombie-Britannique a été publiée en octobre 2021 et porte sur la période de 1990 à 2019 (il faut généralement prévoir un délai de deux ans entre la collecte, la compilation et l’analyse des données et leur publication dans l’inventaire). En termes absolus, les émissions de GES sont passées de 65.7 millions de tonnes en 2007 à 68.6 millions de tonnes en 2019. Cela représente une augmentation de 3 millions de tonnes (environ 5 %). On devra donc assister à un virage important au cours des prochaines années si on désire en arriver à la réduction de 40 % prévue pour 2030. 

Les sources de GES en C.-B.

Même si la tendance générale des émissions de GES est à la hausse en Colombie-Britannique, certains secteurs de l’activité économique (4) montrent des signes encourageants. C’est le cas notamment de certaines activités de production du secteur de l’industrie lourde comme la production de fer et d’acier ainsi que celle du gypse et de l’hydroxide de calcium qui ont enregistré des baisses respectives de 62 % et de 75 % dans le niveau des émissions de GES qu’elles ont générées entre 2007 et 2019. L’industrie des déchets n’est pas non plus en reste et le traitement des déchets solides a aussi connu une diminution de 25 % de ses émissions pour la même période. Même constat positif pour le secteur de l’industrie légère qui a aussi connu une baisse de 25 % des émissions.

Alors que certains secteurs atteignent ou surpassent les objectifs gouvernementaux, d’autres demeurent problématiques, comme le secteur du transport qui présente des augmentations des émissions, peu importe le type de transport considéré. Dans ce secteur, il importe cependant de noter que le transport de passagers a connu une augmentation plus faible des émissions de 2007 à 2019 (14 %) quand on le compare au transport des marchandises (37 %).

Cela va de soi, certains secteurs produisent plus d’émissions en termes absolus que les autres et, là encore, le secteur du transport se classe au premier rang alors qu’il est à lui seul responsable d’environ 35 % des émissions en Colombie-Britannique pour l’année 2019. Viennent ensuite, dans l’ordre, l’industrie des combustibles fossiles (23 %) et toute l’activité humaine liée aux bâtiments (comme la consommation de carburant à des fins de chauffage, par exemple) (12 %).

Le secteur qui a produit le moins de GES en 2019 ? Peu de mystère de ce côté puisqu’il s’agit du secteur de la production d’électricité.

Mesurer les GES : un exercice « fumeux »

Même s’ils nous permettent d’avoir une vue d’ensemble des émissions de GES en Colombie-Britannique, il faut prendre les chiffres qui précèdent avec un grain de sel car mesurer les émissions de GES avec un certain degré de précision n’est pas chose facile. Pour un, les données contenues dans les inventaires nationaux ou provinciaux ne sont pas le résultat de mesures directes, c’est-à-dire qu’au lieu d’analyser des échantillons prélevés directement dans l’atmosphère, on infère la quantité d’émissions en multipliant le nombre d’agents générateurs d’émissions (par exemple, le nombre d’automobiles) par ce qu’on appelle un coefficient d’émission (un estimé des émissions de GES générées par chacune des activités des agents). Alors que cette méthode permet de mesurer avec une relative précision les émissions de certaines activités (comme la consommation de combustibles fossiles, par exemple), il est des émissions (telles que les feux de forêts, le drainage des marais ou la sur-utilisation de certains engrais) qui échappent à ces calculs. On estime que ces émissions, qu’on devine plus qu’on ne mesure, représentent environ le tiers des émissions, ce qui, sans invalider les résultats globaux, invite à la prudence.

Comme si les défis de la collecte directe de données n’étaient pas suffisants, la mesure des émissions de GES a aussi une dimension politique, c’est-à-dire que la plupart des pays qui se sont engagés formellement à réduire les émissions de GES souhaitent montrer les progrès réalisés dans ce domaine. Cela est d’autant plus vrai que plusieurs pays en voie de développement (des pays qui, en général, génèrent une quantité plus faible de GES) soutiennent que les coûts associés à la réduction des GES devraient être proportionnels avec la quantité des émissions. Pour arriver à ce bilan positif, certaines nations signataires ont recours à des interprétations « créatives » de ce que constitue une « émission ». Ainsi, plusieurs pays comme la Chine, la Russie et les États-Unis réduisent la quantité d’émissions dans leurs inventaires nationaux en soustrayant la quantité de carbone absorbée par certains systèmes naturels comme le sol ou les milieux aquatiques et marins (on appelle ces systèmes de récupération des « puits de carbone ») de la quantité de GES qu’ils émettent.

Le Canada, quant à lui, utilise aussi le concept de « l’intensité » des émissions pour présenter ses efforts de réduction des GES sous un angle favorable. Comme le mentionne le RIN 1990-2019, « l’économie canadienne a connu une croissance plus rapide que ses émissions de GES. Par conséquent, l’intensité des émissions pour l’ensemble de l’économie (GES par produit intérieur brut ) a diminué de 37 % depuis 1990 et de 23 % depuis 2005. » En d’autres termes, le Canada a réduit ses émissions car alors que son économie était en croissance, la quantité de ses émissions est demeurée à peu près la même, ce qui correspond à une diminution en termes relatifs.

Un espoir à l’horizon : les véhicules électriques

Peu importe les incertitudes liées au calcul des émissions en Colombie-Britannique ou ailleurs, les progrès technologiques dans l’électrification des moyens de transport est susceptible d’avoir un impact considérable sur les émissions de GES. Considérant que le transport est de loin le secteur de l’activité économique qui contribue le plus aux émissions de GES, la transition anticipée des combustibles fossiles vers des sources électriques de propulsion devrait se traduire par des réductions significatives des émissions, peut-être même suffisantes pour permettre de satisfaire aux objectifs établis par les divers gouvernements. L’impact de cette transition sera d’autant plus grand lorsqu’on aura trouvé le moyen d’y inclure le transport des marchandises, une activité économique qui présente des défis particuliers, notamment quant à la puissance et l’autonomie des moteurs électriques. Défis ou non, la transition est bel et bien amorcée et on peut s’attendre à ce que l’impact de ce changement important dans les technologies liées au transport se fasse sentir au cours des prochaines années.

Un peu de chimie

Certains gaz présents naturellement dans l’atmosphère terrestre contribuent à retenir la chaleur près de la surface de la Terre. Ils sont appelés « gaz à effet de serre » (GES) et formés essentiellement de vapeur d’eau, de dioxyde de carbone (CO2 ou gaz carbonique), de méthane (CH4), de protoxyde d’azote (N2O) et d’ozone (O3). Sans ces gaz, la température moyenne sur Terre serait de -18 °C, et la vie telle que nous la connaissons deviendrait impossible.

Les GES retiennent dans les basses couches de l’atmosphère une partie du rayonnement infrarouge émis vers l’espace par la surface de la Terre, réchauffée par le Soleil. Appelé « effet de serre », ce processus naturel a permis le développement et le maintien de la vie sur Terre. Depuis environ deux siècles, les concentrations atmosphériques de certains gaz se sont toutefois mises à augmenter, alors qu’elles étaient plutôt stables auparavant.

Chaque GES a un effet différent sur le réchauffement global. Par exemple, sur une période de 100 ans, un kilogramme de méthane a un impact sur l’effet de serre 25 fois plus fort qu’un kilogramme de CO2. Alors pour comparer les émissions de chaque gaz, en fonction de leur impact sur les changements climatiques on préfère utiliser des unités communes : l’équivalent CO2 ou bien l’équivalent carbone, plutôt que de mesurer les émissions de chaque gaz.

L’équivalent CO2 est aussi appelé potentiel de réchauffement global (PRG). Il vaut 1 pour le dioxyde de carbone qui sert de référence. Le potentiel de réchauffement global d’un gaz est la masse de CO2 qui produirait un impact équivalent sur l’effet de serre. Par exemple, le méthane a un PRG de 25, ce qui signifie qu’il a un pouvoir de réchauffement 25 fois supérieur au dioxyde de carbone. À l’autre bout du spectre, l’hexafluorure de soufre (un GES qui se prête à plusieurs applications médicales et électriques et qui, à une certaine époque, était même utilisé dans le coussin des semelles de certaines chaussures de sport) possède un PRG de 23 900 (donc près de 24 000 fois celui du dioxyde de carbone) !

Publiée par la Société de développement économique de la Colombie-Britannique, la série de dossiers « L’économie déchiffrée » vise à mettre en relation plusieurs données statistiques liées à l’économie de la Colombie-Britannique dans le but de mieux outiller sa clientèle afin qu’elle comprenne davantage les défis présents et à venir.

Sources :

(1) https://unfccc.int/fr/processus-et-reunions/la-convention/qu-est-ce-que-la-ccnucc-la-convention-cadre-des-nations-unies-sur-les-changements-climatiques

(2) https://www.bclaws.gov.bc.ca/civix/document/id/complete/statreg/07042_01

(3) https://www2.gov.bc.ca/gov/content/environment/climate-change/data/provincial-inventory#:~:text=In%202019%2C%20British%20Columbia’s%20gross,for%20our%20emission%20reduction%20targets.

(4) La Colombie-Britannique comptabilise ses émissions de GES de deux façons dans l’inventaire provincial : selon le type d’activité (ce qui correspond à la classification préconisée par la Convention-cadre des Nations unies) ou par secteur économique. Même si les résultats sont les mêmes peu importe la méthode utilisée, le regroupement des émissions par secteurs de l’économie est plus « intuitive » selon les experts.

(5) https://publications.gc.ca/collections/collection_2021/eccc/En81-4-2019-1-fra.pdf

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