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L’ABC de l’Indice des prix à la consommation

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Le taux d’inflation est à la hausse en Colombie-Britannique alors qu’il a atteint en janvier 2022 son plus haut niveau depuis 1991. Quels sont les facteurs derrière cette augmentation des prix et y-a-t-il raison de s’inquiéter ? Réponses à ces questions dans le présent dossier où nous démystifions l’inflation et l’Indice des prix à la consommation

Pas besoin de se livrer à de savants calculs pour constater que le prix des biens et services a augmenté au cours des derniers mois en Colombie-Britannique : une visite à une station-service pour y faire le plein d’essence suffit. Si ce test, qui n’a rien de scientifique, ne réussit pas à vous convaincre, considérez plutôt les données de Statistiques Canada qui rapportait une hausse de 4.3 % du taux d’inflation en Colombie-Britannique pendant la période du 1er janvier 2021 au 1er janvier 2022. Mais comment en est-on arrivé à ce chiffre et quelle est sa signification exacte ?

L’Indice des prix à la consommation : la véritable mesure de l’inflation

Ça peut sembler une évidence, mais pour bien mesurer la nature des changements au fil du temps, il importe de mesurer la même chose à divers intervalles. Dans le cas de l’inflation, l’objet qu’on mesure se nomme Indice des prix à la consommation (IPC).

L’IPC est souvent représenté par un panier d’épicerie dans lequel on mettrait exactement les mêmes produits mois après mois. Le panier d’épicerie principal (qu’on appel IPC d’ensemble) contient les catégories de produits suivants : « aliments », « logement », « dépenses courantes, ameublement et équipement du ménage », « vêtements et chaussures », « transports », « soins de santé et soins personnels », « loisirs, formation et lecture » et « boissons alcoolisées, produits du tabac et cannabis récréatif ». Parce que les ménages canadiens ne dépensent pas les mêmes montants dans chacune des catégories, ces dernières font l’objet d’une pondération (c’est-à-dire qu’on leur attribue un pourcentage) dans le calcul de l’IPC d’ensemble. Par exemple, les dépenses liées au logement représentent 30.03 % de l’IPC alors que les vêtements et chaussures ne comptent que pour 3.99 %.

Certaines catégories de produits qu’on considère « volatiles » (c’est-à-dire que leur prix peut varier considérablement d’un mois à l’autre) sont aussi exclues de l’IPC d’ensemble pour ne pas fausser la lecture de ce dernier. C’est le cas notamment de la nourriture et des produits de l’énergie (l’électricité, le gaz naturel et, surtout, l’essence pour les véhicules automobiles) qui donnent lieu à des paniers séparés que l’on nomme alors  « IPC d’ensemble excluant les aliments et l’énergie » et « IPC d’ensemble excluant l’énergie ». On comprend vite cette façon de procéder quand on considère que le prix de l’essence a augmenté à lui-seul de 28 % en Colombie-Britannique pendant la période du 1er janvier 2021 au 1er janvier 2022.

L’IPC suit donc l’évolution de ces catégories de produits au fil des ans. Aux fins du calcul, on attribue une valeur initiale de 100 à l’IPC tel qu’il était en 2002 (il y a donc de cela 20 ans). Toute augmentation ou diminution de l’IPC par rapport à cette valeur initiale permet donc de déterminer le taux d’inflation. Par exemple, l’IPC pour la Colombie-Britannique se situait à 133.6 en janvier 2021 et avait atteint une valeur de 139.4 en janvier 2022, ce qui représente une augmentation (c’est-à-dire une hausse du taux d’inflation) de 4.3 %. On peut aussi comparer la valeur actuelle de l’IPC (139.4) avec la valeur initiale qu’il avait en 2002 (100) et ainsi constater que les prix ont augmenté d’un total de 39.4 % au cours des 20 dernières années en Colombie-Britannique (ce qui correspond à un taux d’inflation d’environ 2 % par année, ce qu’on considère généralement comme le pourcentage idéal). 

Au-delà de son intérêt à des fins statistiques, l’IPC possède aussi plusieurs applications pratiques, notamment quand vient le temps d’indexer les pensions de vieillesse, de déterminer le montant des paiements dans les cas de divorce ou encore lors des négociations visant à établir le pourcentage des augmentations de salaires des employés. En effet, un employé qui reçoit une augmentation de salaire dont le pourcentage serait inférieur à celui du taux d’inflation se retrouve dans une situation déficitaire, c’est-à-dire que ses revenus (même s’ils ont augmenté en termes absolus) ne lui permettent plus d’acheter autant que par le passé. C’est ce qu’on appelle « l’érosion du pouvoir d’achat ».

Des catégories révélatrices

On peut bien entendu considérer l’IPC dans son ensemble, mais il prend tout son sens quand on considère les catégories de produits sur une base individuelle et qu’on les compare entre elles : on est alors en mesure de voir si certaines catégories de produits contribuent davantage à une hausse du taux d’inflation ou encore comment les hausses dans certaines catégories se comparent d’une région à une autre (entre provinces, par exemple). Conçu ainsi, l’IPC permet de brosser le portrait d’une région à un moment donné de son histoire.

Alors, à quoi ressemblait la Colombie-Britannique en janvier 2022 ? Pour un, la Colombie-Britannique est un endroit où il coûte de plus en plus cher de rouler en véhicule automobile (tel que mentionné ci-haut, augmentation annuelle de 28 % du prix de l’essence). C’est aussi un endroit où chauffer son logis devient de plus en plus dispendieux avec des hausses respectives du prix du mazout (+37.8 %), du gaz naturel (+18.7 %) et, dans une moindre mesure, de l’électricité (+1.5 %).

Le prix des aliments et boissons est aussi une des catégories qui préoccupe le plus les ménages de Colombie-Britannique. Dans cette catégorie, on notera des hausses des boissons non-alcoolisées (+10.2 %), de la viande (+10.2 %), du poisson et des fruits de mer (+7.3 %) et des pâtisseries et autres produits céréaliers (+6.4 %). Parmi les autres produits ayant subi des augmentations supérieures à la moyenne, on notera le tabac (+9.6 %), la bière (+7 %), les chaussures (+6.2 %) ainsi que le coût du transport en commun (+6.5 %).

Bien que cela soit plus rare, il arrive aussi que certains produits ne connaissent pas de hausse significative (voire même une diminution). En Colombie-Britannique en janvier 2022, ça a été le cas notamment du prix des vêtements (0 %) ainsi que de l’ameublement et équipement du ménage (+0.2 %).

Comment la Colombie-Britannique se compare-t-elle aux autres provinces canadiennes pour la même période ? Avec un taux d’inflation de 4.3 %, la province se situe en-dessous de la moyenne nationale de 5.1 % et de celle des provinces de l’Ile-du-Prince-Édouard (+7.1 %), de l’Ontario (+5.7 %), du Manitoba (+5.5 %) et du Nouveau-Brunswick (+5.3 %). Bien entendu, comme c’est souvent le cas avec l’IPC, il s’agit-là de valeurs relatives : le fait que l’Ile-du-Prince-Édouard affiche un taux d’inflation plus élevé que la Colombie-Britannique pour la période considérée ne signifie pas pour autant que les produits y coûtent plus chers qu’en Colombie-Britannique, mais seulement que l’Ile-du-Prince-Édouard a connu une augmentation plus considérable du prix des produits au cours de la dernière année. Quant à l’endroit au Canada où les prix sont demeurés les plus stables au cours des 12 derniers mois, il faut se tourner vers le Grand Nord canadien, plus particulièrement le territoire du Nunavut, où l’IPC a connu une croissance de seulement 2.1 % de janvier 2021 à janvier 2022. 

Facteurs qui influencent l’indice des prix à la consommation

Même si on pourrait croire que les variations du prix de certains produits sont souvent le fruit du hasard (pensez, par exemple, au prix de l’essence, qui semble fluctuer d’un jour à l’autre sans raison apparente), la réalité est que ces variations obéissent le plus souvent à la logique du marché et sa règle cardinale, à savoir l’offre et la demande : plus il est difficile de se procurer un bien, plus le prix de ce bien va augmenter. Certaines de ces pénuries peuvent être réelles (comme celles qui sont le résultat de conditions climatiques, tels les inondations, les sécheresses, etc.), anticipées (la difficulté accrue de s’approvisionner en gaz naturel si une guerre éclate dans un pays producteur, par exemple) ou même artificielles (lorsque certains pays producteurs s’entendent pour contrôler le niveau de production d’un bien afin de maintenir son prix au niveau désiré). Tous ces facteurs vont avoir un impact sur l’IPC d’ensemble, même si les facteurs qui influencent la hausse des prix varient d’une catégorie (ou sous-catégorie) à l’autre.

À titre d’exemple, Statistiques Canada notait, dans son rapport mensuel sur l’IPC pour janvier 2022, que, dans la catégorie des aliments,  « les conditions de croissance défavorables, qui s’ajoutent aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement, sont principalement à l’origine de la hausse des prix des fruits frais (+8,2 %) et des produits de boulangerie (+7,4 %). » Quant au prix de l’essence, Statistiques Canada précisait également que « les prix de l’essence ont augmenté dans le contexte des préoccupations liées à l’approvisionnement mondial du pétrole découlant des événements politiques survenus à l’échelle internationale ». (1) Comme on peut le constater, l’augmentation des prix ne se fait pas en vase clos et est le plus souvent le résultat de facteurs nationaux, voire même internationaux.

En ce qui a trait à la Colombie-Britannique, BC Stats explique la hausse de l’IPC à l’échelle provinciale en disant que  « … la pandémie de la COVID-19 a continué d’avoir un impact visible sur les prix à la consommation en janvier. La croissance continue du prix de l’énergie et du transport, combinée avec une augmentation des prix pour l’hébergement, les loisirs ainsi que les produits de soins de santé et de soins personnels, ont aussi contribué à la hausse de l’IPC ». (2)

Freiner l’inflation

Tel que mentionné précédemment, un taux d’inflation aux environs de 2 % est souhaitable. Quand cet objectif est dépassé (comme c’est le cas à l’heure actuelle alors que le taux atteint 4.3 % pour la Colombie-Britannique), les gouvernements ont souvent recours à un outil très efficace pour ramener l’inflation à des niveaux acceptables. Il s’agit bien entendu des taux d’intérêt qui, quand on les augmente, ont pour effet d’encourager l’épargne et de réduire les dépenses. Pour survivre, les entreprises doivent donc alors réduire le prix des biens qu’elles produisent, ce qui entraîne une baisse de l’inflation. 

Si l’économie était une automobile, on pourrait dire que l’inflation est son accélérateur et que les taux d’intérêt en sont les freins. Et, comme c’est le cas pour une balade en auto par une belle journée ensoleillée, il n’y a pas à s’inquiéter aussi longtemps qu’on roule à une vitesse modérée …

Publiée par la Société de développement économique de la Colombie-Britannique, la série de dossiers « L’économie déchiffrée » vise à mettre en relation plusieurs données statistiques liées à l’économie de la Colombie-Britannique dans le but de mieux outiller sa clientèle afin qu’elle comprenne davantage les défis présents et à venir.

Sources

(1) : https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220216/dq220216a-fra.htm

(2) : https://www2.gov.bc.ca/gov/content/data/statistics/economy/consumer-price-index

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