Animaux de compagnie : une industrie qui se porte bien

Plusieurs d’entre eux laissent des poils partout. Certains rongent le mobilier ou l’égratignent. D’autres encore terrorisent tous les écureuils du quartier. Et pourtant, une majorité de Canadiens ne sauraient vivre sans leur animal de compagnie. Cet attachement, surtout aux races félines et canines (même si on s’en voudrait d’oublier les poissons, oiseaux et autres reptiles plus ou moins exotiques) nourrit une des rares industries  ayant connu une prospérité relative en période de pandémie. Coup d’oeil sur l’industrie des créatures, grosses et petites, qui font la joie des Canadiens.

L'industrie des animaux de compagnie

Les Canadiens aiment leurs animaux de compagnie. En grand nombre et de plus en plus. C’est ce qui ressort des plus récentes données en la matière. En effet, on comptait pas moins de 27.9 millions d’animaux de compagnie dans les foyers Canadiens en 2020, une augmentation moyenne de 0.4 % par rapport aux chiffres de 2016 avec une autre augmentation de 0.4 % prévue d’ici 2025. (1)

En termes de nombres absolus, les poissons demeurent l’espèce la plus courante dans les foyers Canadiens alors que les données faisaient état de 8.5 millions de poissons en 2020, soit 30.5 % de la population des animaux de compagnie. (2)

Au grand plaisir de ceux qui les préfèreront toujours aux chiens, les chats viennent au deuxième rang parmi les animaux de compagnie alors qu’on en comptait pas moins de 8.2 millions (soit 29.3 % de la population totale) en 2020. 

Les chiens, même s’ils sont moins nombreux que les chats au Canada, représentent cependant l’espèce ayant connu la plus forte croissance entre 2016 et 2020 alors que leur nombre total est passé de 6.8 millions à 7.2 millions, soit une augmentation de 1.4 %. Cette augmentation de la population canine est d’autant plus significative dans la catégorie des chiens de moins de 9 kg alors que le taux de croissance de cette catégorie a atteint 3.3 % pour la période de 2016 à 2020, avec une autre augmentation de 2.4 % prévue entre 2021 et 2025. La tendance actuelle en milieu urbain à réduire la superficie des espaces d’habitation explique peut-être cet engouement pour des animaux de plus petite taille qui tolèrent plus facilement les espaces restreints.

Trois autres espèces d’animaux de compagnie viennent compléter ce tableau : les oiseaux (perruches, serins, etc.), dont le nombre a chuté de 2.538 millions en 2016 à 2.513 millions en 2020 (la seule espèce à avoir connu une diminution, aussi faible soit-elle); les petits mammifères (hamsters, cobayes, etc.) dont le nombre est stable aux environs de 1.5 millions; et les reptiles (lézards, etc.), de loin l’espèce la moins prisée avec une population d’environ 270 000 en 2020 (même s’il s’agit de l’espèce ayant connu la plus forte croissance, après celle des chiens, entre 2016 et 2020).

Des propriétaires avec des préférences … divergentes

Nous possédons des données sur le nombre d’animaux, mais qu’en est-il du nombre de propriétaires (qui est différent du nombre d’animaux car il est fréquent qu’un ménage possède plus d’un animal de la même espèce)? (3) 

Au Canada, le pourcentage des ménages possédant un chat est passé de 38.4 % en 2016 à 40.1 % en 2020. Le nombre de ménages possédant un chien s’est également accru, de 4.9 millions en 2016 à 5.2 millions en 2020, ce qui représente une légère augmentation du pourcentage des ménages possédant un chien, qui est passé de 35.1 % à 35.3 % au cours de la même période. En tout et pour tout, ce n’est pas moins de 58 % des ménages Canadiens qui possédaient au moins un chat ou un chien en 2020. (4) 

On pourrait penser qu’on retrouve des animaux de compagnie dans toutes les régions du Canada, et c’est bien le cas, même si on remarque des disparités régionales. Ainsi, selon un sondage effectué par la firme Statista (5), les québécois sont les plus nombreux à posséder un animal de compagnie alors que pas moins de 65 % de ces derniers ont déclaré posséder un chien ou un chat en 2021. Ce pourcentage se situe à 47 % en Saskatchewan et au Manitoba, les deux provinces où on compte le moins de propriétaires d’animaux de compagnie. La Colombie-Britannique dans tout ça? Tout juste 49 %, ce qui nous place à l’avant-dernier rang à l’échelle nationale.

Une analyse plus approfondie des données selon les provinces révèle cependant certaines tendances intéressantes : quand vient le temps de choisir un animal de compagnie, les québécois préfèrent un chat (67 %) plutôt qu’un chien (48 %), alors que c’est l’inverse qui se produit dans les prairies et en Colombie-Britannique où le les propriétaires d’animaux de compagnie préfèrent un chien (environ 65 %) plutôt qu’un chat (51 %).

La compagnie a un prix

On s’en doute, posséder un animal de compagnie entraîne des coûts, qui peuvent varier selon l’espèce. Quand on combine le coût initial pour l’achat d’un animal avec le coût annuel de la nourriture, les Canadiens ont dépensé un peu de plus de 6.5 milliards de dollars pour acquérir et nourrir leurs animaux de compagnie en 2020 (6).

Les soins vétérinaires (et autres soins plus « cosmétiques ») représentent également une dépense considérable pour les propriétaires d’animaux de compagnie qui y ont consacré environ 4.2 milliards en 2020. À cela viennent parfois s’ajouter d’autres dépenses telles que les assurances, les laisses et colliers, sans oublier les jouets (qu’ils émettent des sons mignons ou non).

Quand toutes ces dépenses sont compilées, on estime qu’il en coûte environ 3 000 $ par année pour l’entretien d’un chien et environ 2 000  $ par an pour un chat. Si le budget est une considération, on peut toujours se tourner vers un hamster ou une gerbille, des espèces pour lesquelles, après un investissement initial pour le matériel, les besoins en nourriture s’élèvent à environ 200 $ par an. (7) Toutes espèces confondues, il en coûte en moyenne environ 1 300 $ par an pour l’entretien d’un animal de compagnie.

Bien entendu, tous les propriétaires d’animaux de compagnie diront que ces sommes importent peu en regard du plaisir qu’ils éprouvent en compagnie de leur animal.

Tendance vers des produits de plus en plus sains

Avec un aussi grand nombre d’animaux, pas étonnant de constater que l’industrie qui « produit » ces animaux, et surtout fabrique la nourriture pour veiller à leur alimentation, se porte bien (et, encore mieux depuis la pandémie, alors que les Canadiens, souvent confinés à la maison, se sont procurés des animaux de compagnie comme jamais auparavant).

Ainsi, les ventes au détail d’aliments pour animaux de compagnie au Canada ont connu une croissance de 5.8 %, passant de 3.4 milliards de dollars en 2016 à 4.2 milliards de dollars en 2020. Si cette tendance se maintient, on estime que les ventes pourraient atteindre 5.3 milliards de dollars en 2025, soit une hausse de 4.9 %. La nourriture pour chiens était la plus importante catégorie d’aliments pour animaux de compagnie avec des ventes au détail se chiffrant à 2.8 milliards de dollars (part du marché de 65.4 %) en 2020 (ce qui représente une augmentation de 6.3 % par rapport à 2016). Ici encore, on prévoit que cette croissance va se poursuivre au cours des prochaines années alors qu’on prévoit des ventes de 3.5 milliards de dollars en 2025 (hausse de 5.1 %). À noter que les ventes de nourriture pour chiens ont été plus élevées que les ventes de nourriture pour chats, et ce même si la population de chats était supérieure à celle des chiens, tel que mentionné précédemment. La quantité de nourriture consommée par les chiens, surtout ceux dont le poids est supérieur à 20 kg, explique sans doute cet écart.

La nourriture pour chats était la deuxième catégorie en importance parmi les aliments pour animaux de compagnie et ses ventes au détail étaient estimées à 1.4 milliards de dollars en 2020, ce qui représentait 32.7 % du marché.

De plus en plus de Canadiens considèrent leur animal de compagnie comme un membre de la famille à part entière et, à ce titre, on assiste à une évolution de leurs exigences en termes de nourriture, tant pour les chiens que les chats. Ainsi, les propriétaires d’animaux de compagnie recherchent de plus en plus de la nourriture (qu’elle soit sèche ou humide) dite de « qualité supérieure » (8) pour leur animal. Cela s’est traduit par une augmentation dans les ventes de nourriture sèche et humide de qualité supérieure pour chiens de 7.2 % et 4.9 % respectivement entre 2016 et 2020, alors que les ventes de nourriture sèche et humide de qualité supérieure pour chats ont elles aussi connu des hausses respectives de 6.0 % et de 5.0% au cours de la même période. À titre de comparaison, les ventes de nourriture « à prix économique » n’ont augmenté que de 2.2 % en moyenne.

Cependant, le type de nourriture pour chiens ou chats ayant connu la croissance la plus importante est celui des gâteries, ces petits morceaux de saveur qui viennent récompenser un bon comportement (ou tout simplement parce qu’on trouve l’animal trop adorable). Les ventes de gâteries (qui sont surtout destinées aux chiens) ont connu une hausse de 7.7 % entre 2016 et 2020. La saveur la plus prisée en 2020 ? Le boeuf (détrônant ainsi le poulet qui venait en tête de lice en 2016).

Enfin, pour en finir avec la nourriture pour animaux de compagnie, notons que Pedigree est la marque de nourriture pour animaux de compagnie la plus « populaire » au Canada en 2020 avec des ventes de 260 millions de dollars. 

Conclusion : une relation durable

L’industrie des animaux de compagnie est une des rares à avoir affiché une croissance (aussi modeste soit-elle) lors de la pandémie. L’isolement accru en période de télétravail a certes contribué à maintenir la demande pour des animaux de compagnie capables d’atténuer cet isolement. 

Cependant, pandémie ou pas, la tendance était à la hausse en matière d’animaux de compagnie au Canada, une preuve de plus que les Canadiens ne sauraient vivre sans leurs compagnons à deux, quatre ou même huit pattes.

Publiée par la Société de développement économique de la Colombie-Britannique, la série de dossiers « L’économie déchiffrée » vise à mettre en relation plusieurs données statistiques liées à l’économie de la Colombie-Britannique dans le but de mieux outiller sa clientèle afin qu’elle comprenne davantage les défis présents et à venir.

Sources :

  1. https://agriculture.canada.ca/fr/commerce-international/renseignements-marches/rapports/analyse-sectorielle-tendances-aliments-animaux-compagnie-au-canada#a
  2. Un bémol s’impose cependant à cette statistique : le nombre élevé de poissons comme animaux de compagnie ne signifie pas nécessairement qu’il s’agit de l’espèce prisée par le plus grand nombre de propriétaires, loin de là. En effet, les aquariums de taille moyenne peuvent contenir entre 15 et 20 poissons, ce qui signifie qu’il y a beaucoup moins de propriétaires de poissons que de propriétaires de chats ou de chiens qui ne possèdent généralement qu’un seul animal.
  3.  Il importe de préciser qu’il s’agit d’animaux de la même espèce dans la cas présent, car la distinction classique entre « une personne à chien » et « une personne à chat » semble bel et bien réelle alors que seulement 11% des ménages possèdent à la fois un chat et un chien. Bien entendu, la relation parfois  tumultueuse entre les deux espèces peut aussi expliquer le fait qu’ils cohabitent rarement.
  4. https://www.cahi-icsa.ca/fr/news/2020-canadian-pet-population-figures-released
  5. https://www.statista.com/statistics/1281514/pet-ownership-by-region-canada/
  6. https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/en/tv.action?pid=3610022501
  7. https://www.cpacanada.ca/fr/nouvelles/canada/2021-06-29-cout-animal
  8. La tendance actuelle, tant chez les humains que les animaux, consiste à privilégier des aliments biologiques, naturels, plus sains, produits localement et … plus goûteux.

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2022-07-11T11:12:55-07:008 juillet 2022|Catégories: Économie déchiffrée|Tags: |

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