À quelle étape de développement de votre entreprise vous considérez-vous?
Depuis 2003, mon entreprise est passée d’une entreprise d’artisanat à une activité d’artiste indépendant ces quatre dernières années. Même si l’expérience acquise depuis mes débuts est toujours profitable, il est nécessaire d’explorer de nouveaux moyens de diffusion et de nouveaux marchés pour lesquels je suis, en quelque sorte, débutante!
Comment vous définissez-vous?
Je me définis comme une créative. Peu importe le média, j’aime lier l’activité intellectuelle de la démarche artistique et de la conceptualisation, à l’activité manuelle de la réalisation artistique.
Comment avez-vous eu l’idée de créer votre entreprise ?
Longtemps avant de créer mon entreprise, j’avais pris l’habitude de créer chaque année mes propres cartes de Noël, pour lesquelles j’étais souvent complimentée. À un moment de ma vie durant lequel j’étais soudain sans emploi, une amie m’a dit : « on aime tellement tes cartes, tu devrais les vendre. Lance-toi! » L’idée a fait son chemin. C’était un grand défi pour moi de renoncer à une carrière tout autre et d’entreprendre une telle aventure. Je ne m’en sentais pas capable. J’ai malgré tout dû passer devant un jury pour participer à un marché de Noël, et j’ai été prise! Cette première expérience a été très encourageante. Mes cartes se sont plutôt bien vendues. Peu après, alors que j’hésitais encore à franchir le pas, une autre amie m’a parlé des formations en entrepreneuriat offertes par le gouvernement. C’était exactement ce dont j’avais besoin. J’ai pu bénéficier d’une formation intensive (élaboration d’un plan d’affaire, comptabilité, fisc, marketing, étude de marché…) et d’un mentorat d’un an. C’est là que j’ai officiellement enregistré mon nom d’entreprise et que tout a commencé. Oui, j’ai quelque peu dévié du plan original, mais je suis toujours là 15 ans plus tard!
Quelle est votre plus grande fierté ?
Ma plus grande fierté, c’est de créer quelque chose d’unique. Quelque chose qui touche les gens, qui les fait s’arrêter pour regarder mes œuvres, pour les toucher, pour me dire un mot d’admiration, pour les inspirer…
La semaine dernière, par hasard, une jeune femme est entrée dans mon stand sur un marché. Elle m’a dit qu’elle avait acheté un de mes tableaux, il y a deux ans. En effet je m’en souvenais. C’était une forêt dans les couleurs d’automne. Et elle me dit « votre tableau est dans ma chambre, je le vois chaque jour et il m’inspire de la joie à chaque fois. Mon compagnon aussi l’adore ». Là, j’étais fière! Fière que mon travail puisse toucher les gens, exactement comme le travail d’autres artistes que j’admire me touche personnellement.
Plus je me sens grandir en tant qu’artiste, plus je me sens capable de créer des œuvres qui touchent les gens, plus j’ai envie de continuer et de grandir dans cette voie.
Quel a été l’un des tournants de votre carrière ?
Il y a quatre ans environ, alors que le déclin de la correspondance postale mettait en danger ma petite entreprise de cartes, il était nécessaire de redéfinir mon activité. Au même moment, je développais une nouvelle technique de collage avec des tissus. Un moyen de « peindre » avec du relief et des textures qui m’inspirait vraiment. Peu à peu, j’ai commencé à créer des tableaux et à les montrer sur les marchés d’artisanat auxquels je participais. C’était un tournant! Bien sûr je fais encore des cartes de vœux, mais maintenant la création de tableaux est ce qui m’occupe le plus. Je me définissais comme artisan, je suis devenue une artiste.
Que faut-il pour réussir ?
Au départ, peu de choses! Une envie de tenter l’expérience et un peu de confiance en soi.
Ensuite, il faut tout de même beaucoup de bon sens et de la persévérance.
Il faut être à l’écoute de ses clients, accepter de se faire aider si nécessaire, se former là ou on n’a pas l’expertise. Essayer et apprendre aussi bien de ses succès que de ses erreurs. Toujours avoir un Plan B!
Concilier vie professionnelle et vie personnelle est-il un enjeu pour vous ?
Mon atelier d’artiste se trouve chez moi. Alors évidemment, ma vie professionnelle et ma vie personnelle s’entrecroisent. Je trouve ça bien. L’inspiration n’a pas d’heure! Je peux commencer quelque chose et avoir envie de travailler des heures jusqu’à ce que je sois satisfaite devant une œuvre finie. Ou bien je peux douter, commencer, puis reprendre plus tard, modifier le lendemain… laisser mûrir l’inspiration.
La plupart du temps, c’est un travail flexible, ce qui est formidable. Mais, comme partout, il y a des échéances à ne pas manquer : les dossiers d’inscription pour les marchés, les candidatures, les préparations d’expositions, les livraisons de commandes, le marketing, la gestion du site internet et des courriels, la comptabilité, les impôts… Être artiste, ce n’est pas aussi bohème qu’on le croit parfois!
Quel regard portez-vous sur vos concurrents ?
J’ai la chance, d’admirer beaucoup de mes concurrents! Les artistes qui m’entourent, et que je croise dans les salons d’artisanat sont très talentueux, et je les apprécie. Ce que je fais est tellement différent que je n’ai pas à les craindre. Je sais que mon art va toucher des personnes différentes. Jusqu’à présent, personne n’a encore copié la technique de collage de tissu que j’ai inventée et que j’utilise pour créer mes tableaux. Le commentaire qu’on me fait le plus souvent c’est : « je n’ai jamais rien vu de pareil! ». Tant que j’entendrai cela, je n’aurai pas de soucis à me faire.
Quels obstacles devez-vous surmonter au quotidien?
Comme presque tous les artistes, la question est : « peut-on vivre de son art? » C’est difficile!
Moi-même, et la plupart de mes amis artistes avons une activité parallèle, à temps partiel, qui permet de payer les factures!
La vente dans les marchés et les salons d’artisanat, il faut le savoir, est une activité saisonnière. Il y a l’embarras du choix avant Noël, beaucoup de marchés et de festivals en plein air l’été, mais, de janvier à mai, c’est le désert! Alors, pendant l’entre-saison, les expositions en galeries, les ventes en magasin et les commandes privées sont précieuses, mais souvent insuffisantes.
Dans mon cas, pour garder un revenu un peu plus constant toute l’année, tout en gardant des horaires sur mesure, je fais du tutorat en français. Cela m’occupe 12 à 15h par semaine, un peu moins pendant l’été. Je suis indépendante. Je rencontre des gens formidables. J’aime l’aspect social de ce travail par rapport au travail solitaire de création. J’ai établi un bon équilibre entre les deux activités. Cela me convient parfaitement.
Quels enseignements tirez-vous de votre expérience ?
Pour être entrepreneur, quel que soit le domaine d’activité, il faut être innovant.
Si ce qui était une bonne idée il y a cinq ans ne l’est plus aujourd’hui, alors il faut s’adapter, se renouveler. Il n’y a pas d’entreprise qui puisse se permettre l’inertie!
Que devrions-nous vous souhaiter pour l’avenir?
Souhaitez-moi de ne jamais manquer d’inspiration! Que ce soit pour mes créations artistiques ou pour le développement de mon entreprise, j’aurai toujours besoin d’innover.
- Nom : Claire Huguenot
Nom de l’entreprise : Handmade by Claire - Site web: www.handmadebyclaire.com
- Téléphone : 604 222 8507
- Description de vos services :
Je crée des tableaux en utilisant une technique de collage de tissu qui m’est complètement personnelle. - Année de création de l’entreprise : 2003